SALLE DE LECTURE

Traité de la Volonté
Louis Lambert
(dans Balzac
Louis Lambert, 1832.
)

Traité de la volonté 

I

Ici-bas, tout est le produit d’une substance éthérée, base commune de plusieurs phénomènes connus sous les noms impropres d’Electricité, Chaleur, Lumière, Fluide galvanique, magnétique etc. L’universalité de ces transmutations de cette substance constitue ce qu’on appelle vulgairement la Matière.

II

Le Cerveau est le matras où l’animal transporte ce que, suivant la force de cet appareil, chacune de ses organisations peut absorber de cette substance, et d’où elle sort transformée en Volonté. La Volonté est un fluide, attribut de tout être doué de Mouvement. De là les innombrables formes qu’affecte l’animal, et qui sont les effets de sa combinaison avec la substance. Ses instincts sont le produit des nécessités que lui imposent les milieux où il se développe. De là ses variétés.

III

En l’homme, la Volonté devient une force qui lui est propre, et qui surpasse en intensité celle de toutes les espèces.

IV

Par sa constante alimentation, la Volonté tient à la substance qu’elle retrouve dans toutes les transmutations en les pénétrant par la pensée, qui est un produit particulier de la Volonté humaine, combinée avec les modifications de la substance.

V

Du plus ou moins de perfection de l’appareil humain, viennent les innombrables formes qu’affecte la Pensée.

VI

La Volonté s’exerce par des organes vulgairement nommés les cinq sens, qui n’en sont qu’un seul, la faculté de voir. Le tact comme le goût, l’ouïe comme l’odorat, est une vue adaptée aux transformations de la substance que l’homme peut saisir dans ses deux états, transformée et non transformée.