SALLE DE LECTURE

"Chant d'une jeune fille" de
Constant Cyr Melchior de Canalis
(dans Balzac
 Modeste Mignon, 1844)

CHANT D’UNE JEUNE FILLE

 Mon cœur lève-toi ! Déjà l’alouette
Secoue en chantant son aile au soleil.
Ne dors plus, mon cœur, car la violette
Elève à Dieu l’encens de son réveil.

 Chaque fleur vivante et bien reposée,
Ouvrant tour à tour les yeux pour se voir,
A dans son calice un peu de rosée,
Perle d’un jour qui lui sert de miroir.

 On sent dans l’air pur que l’ange des roses
A passé la nuit à bénir les fleurs !
On voit que pour lui toutes sont écloses,
Il vient d’en haut raviver leurs couleurs.

 Ainsi lève-toi puisque l’alouette
Secoue en chantant son aile au soleil ;
Rien ne dort plus, mon cœur ! la violette
Elève à Dieu l’encens de son réveil.