SALLE DE LECTURE | |
L'Alcade dans l'embarras |
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L’Alcade dans l’embarras Première représentation de L’Alcade dans l’embarras,
imbroglio en trois actes.
On
entre, on sort, on parle, on se promène, on cherche quelque chose et l’on ne
trouve rien, tout est en rumeur. L’alcade a perdu sa fille et retrouve son
bonnet ; mais le bonnet ne lui va pas, ce doit être le bonnet d’un voleur. Où
est le voleur ? On entre, on sort, on parle, on se promène, on cherche de plus
belle. L’alcade finit par trouver un homme sans sa fille, et sa fille sans un
homme, ce qui est satisfaisant pour le magistrat, et non pour le public. La
calme renaît, l’alcade veut interroger l’homme. Ce vieil alcade s’assied dans
un grand fauteuil d’alcade en arrangeant ses manches d’alcade. L’Espagne est le
seul pays où il y ait des alcades attachés à de grandes manches, où se voient
autour du cou des alcades, ces fraises qui sur les théâtres de Paris sont la
moitié de leurs fonctions. Cet alcade qui a tant trottiné d’un petit pas de
vieillard poussif, est Bouffé, Bouffé le successeur de Potier, un jeune acteur
qui fait si bien les vieillards qu’il a fait rire les plus vieux vieillards. Il
y a un avenir de cent vieillards dans ce front chauve, dans cette voix
chevrotante, dans ces fuseaux tremblants sous un corps de Géronte. Il est si
vieux, ce jeune acteur, qu’il effraie, on a peur que sa vieillesse ne se
communique comme une maladie contagieuse. Et quel admirable alcade ! Quel
charmant sourire inquiet, quelle bêtise importante ! Quelle dignité stupide !
quelle hésitation judiciaire ! Comme cet homme sait bien que tout peut devenir
alternativement faux et vrai ! Comme il est digne d’être le ministre d’un roi
constitutionnel ! A chacune des demandes de l’alcade, l’inconnu l’interroge ;
Bouffé répond, en sorte que questionné par la réponse, l’alcade éclaircit tout
par ses demandes. Cette scène éminemment comique, où respire un parfum de
Molière, a mis la salle en joie…
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