SCENE DERNIERE
AZELIE, ZUMA,
PIZARRE, ZELISKAR, FERNANDEZ,
PERUVIENS, ESPAGNOLS.
*
PIZARRE
Mère
cruelle, approche et connais ton erreur !
Le
ciel, dont mes forfaits ont lassé l’indulgence,
Sur
mon lent repentir a porté sa vengeance.
Je
fléchis sous sa loi. Le murmure et l’orgueil
N’accompagnent
plus l’homme aux portes du cercueil.
S’il eût sauvé mes jours (c’est le ciel que j’atteste),
J’allais
à ton repos en employer les restes.
Vaincu
par la nature et de l’amour vainqueur,
Je
volais dans tes bras quand tu perças mon cœur.
Zéliskar,
c’est à toi d’adoucir ma misère :
Viens
à ses yeux encore, viens reconnaître un frère.
ZUMA
Dieu
! son frère ?…
PIZARRE
Oui, lui-même… oui, le
chef de ces lieux
Dans
un jour de terreur, l’éloigna de nos yeux.
ZUMA, à Zéliskar.
Ah
! de quels yeux, mon fils, dois-tu revoir ta mère !
PIZARRE, à Zéliskar.
Pardonne-lui
les coups dont va mourir ton frère.
A sa suite.
Vous
qui serviez ma rage et voyez mon trépas,
Espagnols,
loin d’ici, précipitez vos pas ;
Ne
troublez plus la paix qu’on goûte en ces asiles ;
Le
ciel y veut des cœurs innocents et tranquilles.
A Zéliskar.
Toi,
près de ces objets si bienfaisants, si chers,
Coule
des jours heureux au fond de ces déserts,
Ne
les quitte jamais. C’est là que la nature
Ose
élever encore une voix libre pure,
Et
de ses premiers traits conservant la candeur,
Aux
limites du monde a placé le bonheur.
J’expire,
heureux du moins dans le sort qui m’opprime,
Que
mon dernier soupir ne soit pas pour le crime.
Il
tombe.
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