SALLE DE LECTURE | |
Gerta |
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GERTA Ils ont dans le palais ce qu’ils appellent leur “nid-doré”, riche cabinet à étreintes, dont le mur, en deux endroits, peut créer, en baillant, l’orifice louche d’un corridor secret. Gerta a des idées noires, et le peuple est angoissé. Un sorcier a prédit jadis que la famille régnante s’éteindrait dans le sang par une mort tragique. Trois fois on a connu des périodes dites de fausse peur, nées de l’absence momentanée, autour du monarque, de tout héritier même indirect. Et actuellement l’enfant-roi Granor VII, sans successeur éventuel, court le risque fatal. Une scène émouvante a lieu dans le nid doré, où Hukloude annote une certaine Liste de Salaires, en attendant Gerta, qui le rejoint bientôt. Un pli barre le front de la reine. Tous les sept ans, en public, pour que s’affirme emblématiquement l’irrésistibilité du pouvoir monarchique, les dix plus nobles chefs de maison du royaume saisissent l’extrémité d’une longue perche dont l’autre bout est tenu par le roi seul, qui, triomphant de simulés efforts adverses, les fait reculer en poussant. Or l’échéance septennale approche. Le roi n’a que douze ans, — et l’esprit même de l’épreuve exige son isolement. Si, chez les dix, quelque mortel complot ambitieux… Hukloude
la rassure. Il a pensé comme elle — et consulté un astrologue, dont les
calculs, touchant l’épreuve, ont amené le mot Norme. Et, en riant, il
adjure la souveraine d’user envers ses pressentiments de certain arbitraire
droit d’ostracisme dont elle est armée. |
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