CABINET DES CURIOSITES
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CATALOGUE D’UNE TRES-RICHE MAIS PEU NOMBREUSE COLLECTION DE LIVRES PROVENANT DE LA BIBLIOTHEQUE DE FEU M. LE COMTE J. N. A. DE FORSAS N. B. – M. de Forsas inscrivait ses livres pêle-mêle
et sans suivre aucun système de bibliographie ; pour une bibliothèque si
peu nombreuse, une classification était en effet chose assez inutile.
L’interruption dans la série des numéros provient des ouvrages successivement
expulsés de ses rayons. Ce petit livre est du fameux
démonographe Sébastien Michaelis. Il en parle plusieurs fois dans son Histoire
admirable de la possession et conversion d'une pénitente, etc., etc. ; nouvelle
édition, Lyon, 1623, in-8. (Voir p. 291 et suiv.) . Ce Henry de Tocquaille est
le fils du brave capitaine Hercule de Tocquaille, dont l'intrépidité servit si
bien Henri IV à la bataille d'Ivry. Petite pièce très-curiense
et contenant des particularités tout à fait inconnues sur cet épisode de notre
révolution du quinzième siècle. L'abbé Moussi a composé
aussi une Histoire du château de Marimont, que je cherche depuis vingt-cinq ans
(11 novembre l826). Ce volume provient de
l'abbaye de Saint-Germain des près, à Paris. Il a appartenu au fameux Hotman,
dont il porte la signature et de nombreuses notes marginales. Parodie de la Constitution
de 1791. Le journal de Verdun parle de
cet ouvrage comme ayant été totalement anéanti. Roman, on
peut-être satire, dont je n'ai pas la clef. Satire
hollandaise contre Louis XIV. Cette pièce obscène est de l'infâme et mystérieux
Corneille Blessebois, qui se nomme dans l'avant-propos. (Voir, sur ce
Blessebois, les Mélanges tirés d'une petite bibliothèque, p. 368.) Par Francois-Auguste
Poisson, dit le Poëte, né à Mons en 1725, et mort dans la même ville en
1788. Le genre favori de ce poëte montois était la satire et l'épigramme, dont,
trop souvent, la méchanceté faisait tout le sel. Non content d'avoir colporté
et lu de tous côtés son manuscrit, Poisson, tout comme un autre, voulut se voir
imprimé tout vif. Par malheur pour sa gloire, le Conseil eut avis de cette
édition clandestine ; et comme quelques perruques de ce respectable corps
étaient assez maltraitées dans ses rimes, on fit saisir le livre avant qu'il eût
vu le jour. Mon exemplaire, seul échappé à la brûlure générale, provient
des héritiers de l'auteur. Poisson était aussi célèbre par ses calembours que par
ses vers ; et pour mourir dignement, comme il avait vécu, il voulut finir par une
pointe. Pendant qu'on lui administrait l'extrême-onction : « Pauvre
Poisson, s'écria-t-il, tu est f...., on t'accommode à l'huile. » Ce volume, qu'il ne faut pas
confondre avec l'évangile Touquet, est l'œuvre du fameux Joseph Lebon. Je tiens
mon exemplaire de M. du Rhin, d'Arras, qui l'avait soustrait, chez l'imprimeur,
à la destruction totale de l'édition, restée inachevée à la chute du féroce
évangéliste de la Convention. Très-curieux et contenant
une foule de personnalités contre les membres du Magistrat d'alors (1690
environ). Bayle, dans ses lettres,
regrette de n'avoir pu se procurer ce piquant factum. Libelle d'un cynisme
dégoûtant à l'occasion de la fistule de Louis XIV. Une des figures représente
le derrière royal sons la forme d'un soleil entouré de rayons, avec la fameuse devise : Nec pluribus impar. Encore un oublié par M. Van
Hasselt. Houthem est connu par d'autres
ouvrages. Cet ouvrage a appartenu à Leibnitz, dont il porte la
signature et plusieurs notes autographes. Catalogue plus que curieux des bonnes fortunes du Prince de Ligne. Le maréchal de Richelieu lui avait sans doute l’idée de ce singulier inventaire. Nous trouvons le nom de
1'auteur dans un sonnet, à lui adressé par son ami Gilles Couturiaux, imprimé
en tête du premier volume. Il nous est impossible de deviner pourquoi cet
ouvrage n'a pas été publié ; nous l'avons lu, sans pouvoir découvrir le venin
caché qui l’aura fait proscrire. En fait de style et de critique, il est digne
d'être placé auprès de son compatriote de Boussu, l'historien de Mons. Le troisième
volume, qui n'aurait pas été le dernier, finit à l'avènement d'Albert et d'Isabelle.
Dans les Fleurs morales
de Jean Bosquet, Montois, à Mons, chez Charles Michel, 1587, il se trouve une
ode adressée par l'auteur au Seigneur François Brassart ; en voici un passage
où il est question de notre poème : Hélas ! vaine prédiction de
son confrère en poésie : l'auteur de l'Esteriade, le Ronsard belgien,
n'est pas même cité dans le mémoire du Hugo belge, de l'auteur des Primevères.
O vanité de la gloire ! Extrait des Étrennes binchoises, et tiré à part
à UN SEUL exemplaire ; j'étais présent au tirage. Cet ouvrage est du P.
Charles-Louis Richart, dominicain, natif de Blainville en Lorraine. Il a valu à
son auteur, âgé de quatre-vingt-quatre ans, d'être fusillé, le 29 thermidor an
II, sur la grand'place de Mons, par suite d'un jugement rendu la veille par les
sieurs Bar, Défrise et Lelièvre, jugeant révolutionnairement en leur honneur
et conscience (sic). Parmi les passages incriminés se
trouve celui-ci : « A la différence près, d'entre la personne de Dieu et
de Louis XVI, je soutiens et je vais démontrer que le crime des Français, qui
ont guillotiné Louis XVI, leur roi, surpasse infiniment celui des Juifs. » « En sorte qu'il conste, dit
l'aréopage révolutionnaire, que le P. Richart est tout à fait dans les
principes de contre-révolution et d'un fanatisme outré ; qu'il est ennemi de la
liberté et de l'égalité que les armes victorieuses de la République française
nous avaient offertes et nous ont apportées, et qu'il a cherché à détruire par
la propagation de ses principes, aussi erronés que ses expressions sont
injurieuses au peuple français, à la raison et même à l'Être suprême. » Le tribunal prit fait et
cause du parallèle injurieux à Jésus-Christ. — On ne s'attendait guère à un
pareil considérant dé la part de ces Messieurs. Un exemplaire en placard du
jugement est joint au volume. Avec musique, dans le genre de la Pieuse Allouette,
de la Philomèle séraphique et des Rossignols liguez en duos. Sur la garde du premier
volume, une note en hollandais, signée D. Elzevier, nous apprend que cet
exemplaire, le seul imprimé sur peau, a été confectionné pour les Etats de
Hollande et à leurs frais. L'exécution de cet ouvrage est admirable ; et c'est
peut-être le plus beau livre qui existe. Je l'ai acheté, le 19 février 1802,
d'un juif d'Amsterdam, pour la modique somme de deux mille florins ; mon ami,
sir Richard Héber, m'en a plusieurs fois offert mille livres sterling. 76. Du prêt à intérêt, dit Vsure. Avranches, chez Jean Terbi, imprimeur, MDCLXXVII, in-12 de 142 p., anc. rel. de mar. vert, d. s. tr. Une note manuscrite attribue
cet ouvrage an P. Félix Grebard, secrétaire particulier du fameux Huet, évêque
d'Avranches. Ce P. Grebard est aussi auteur d'une tragédie très-rare : La mort
de Henry le Grand, que j'ai eue dans ma collection, mais dont je me suis
défait, ayant appris que M. J. Ketele, d'Audenarde, en avait un autre
exemplaire. Libelle encore plus plat que méchant. Les amours, comme toute la personne de notre excellent prince gouverneur-général, étaient en effet si peu poétiques, qu'il eût été difficile d'en faire un héros de roman quasi supportable. M. Barbier, à qui j'avais montré ce volume, l’attribuait à Chevrier. Si non e vero e bene trovato. 98. Chronicon ecclesiœ sancti Petri Lobbiensis, ordinis sancti Benedicti, ex archivis ejusdem compositum, per Dom. Eugenium Lambertum Nalines monachum. MDCCVII, pet. in-4 de 588 p., v. fauve, aux armes de Maghe, 40e abbé de Bonne-Espérance, en Hainaut. Cette chronique sort des
mêmes presses que la chronique, assez peu commune, de Bonne-Espérance, dont je
possède un exemplaire sur peau. 109. Aventures galantes du capitaine Blainville pendant son séjour à B... (Bruxelles). Sans indic. de lieu, 1746, pet. in-12 de 369 p., mar. bleu, dor. s. tr. Piquantes révélations
(vraies ou fausses) sur la haute société de Bruxelles à cette époque, dans le
genre des Amusements de Chevrier, mais plus fort, - 117. Mémoire sur les comtes de Louvain, par Ernst. À Hambourg, 1797, in-8 de 37 p., br. Exemplaire d'épreuves, avec
des corrections nombreuses à la main. 126. Réflexions sur la révolution de France. Mons, Monjot, 1794, in-8 de 160 p., d.-rel dos et coins de mar. vert. Il ne faut pas confondre cet
ouvrage avec celui de l'Anglais Burke. Ces réflexions sont du dominicain Richart,
auteur d'un grand nombre de brochures contre la révolution. Le volume n'est pas
terminé, l'entrée des Français à Mons ayant interrompu l'impression et fait
supprimer avec le plus grand soin les dix feuilles déjà tirées. Quérard, qui a donné
sur le P. Richard des renseignements si étendus, n'a pas connu les Réflexions.
127. De Mons à Vienne, par L. C. D. P. C. Vienne, 1835, in-8 de 208 p., d.-rel. dos. de mar. puce. 142. Causes qui doivent infailliblement amener la dissolution du royaume des Pays-Bas, tel que l’ont fait les traités de 1814 et 1815. Tournai, Casterman, 1829, in-8 de 89 p., mar. rouge, non rogn. Cette brochure, tirée à deux
mille exemplaires, allait paraître, lorsque l'auteur, ayant fait sa paix
avec le gouvernement hollandais, la fit ENTIÈREMENT supprimer. Un ami m'a sauvé
cet exemplaire, et jusqu'à ce jour (janvier 1835), je le considère comme
UNIQUE. 149. Exposition des droits des Princes-Evêques de Liège sur la ville de Fontaine-l'Evêque, par G. Migeot, avocat au Conseil souverain du Hainaut. 1753, in-4 de 29 p. Je n’ai jamais pu savoir où ce factum
avait été imprimé, ni la cause de sa rareté. 153. Traité de l'écriture sacrée des Egyptiens, dite écriture hiéroglyphique, suivi d'une dissertation physiologico-historique sur l'emblème mystique dit Phallus, par M. et Mad. Lescens, avec des notes, par M. D****. Orléans, chez Jean Dubois, imprimeur, an XII, in-4, fig. 158. Promptuarium antiquitatum Trevirensium. Accedit disquisitio de ecclesiae et episcoporum in civitatem juribus, auctore Willelmo comite ab Reiffenberg. Sumptibus auctoris, e typog. Bernhardi Vongrasdorff. Herbipoli, MDXXXXIX, in-4 de 695 p., fig., rel. de velours bleu, avec coins et fermoirs d'argent. 167. Les sept paysans d'Anderlue, tragédie en 7 actes et en vers, par Bidet. Mons, Monjot, imprimeur-libraire, rue de la Clef, 1807, in-8. 172. Mémoires de l'abbé D. M. R. D. F. A. L. (de Mouson, résident de France à Liège). À Reims, chez Macé, imprim. juré, 1645, in-12 en 2 part. de 115 et 210 p., fig., rel. anc. de mar. rouge, aux armes de Colbert. Ce volume est orné des
portraits de de Mouson, de La Ruelle et de Warfusée, gravés par Jean Valdor,
d'un fini admirable. M. W. m'ayant dit que M.
Polain, à Liège, possédait un exemplaire des Mémoires de de Mouson, Je suis
allé de suite (janvier 1833) vérifier par moi-même l'existence de ce second
exemplaire. Je puis certifier que M. Polain n'a de ces mémoires que la première
partie, de 115 pages. Je conserve donc mon exemplaire UNIQUE. 197. Spécimens of early flemish songs of the fourteenth century, to winch is prefixed an historical introduction, by Georges Ellis, Esq. London, 1809, in-8, page 1 à 138, sans titre, avec dix planches de musique, cart. en perc. lustrée. L'impression de ce volume
n'a jamais été achevée. L'auteur dit dans la préface que, lors d'un voyage en
Hollande, il fit la connaissance de Van Wyn et de Clignett, qui attirèrent son
attention sur l'ancienne littérature flamande. De retour en Angleterre, il
recueillit soigneusement nos vieilles chansons, et voulut en faire paraître un
volume avec la musique notée. Mais, s'étant aperçu qu'il ne possédait pas assez
bien le flamand ancien, et que, par suite, le texte qu'il donnait était
extrêmement fautif, il fit détruire tous les exemplaires. 199. Een seer sonderlinghe schone ende wonderlike historie die men warachtich hout te syne en auctetick sprekende van eense vroumen gheheeten Melusine : van haren kinderen en gheslachte ende va haer alze wonderlike werken. À la fin du volume : Taudenaerde gheprendt, CCCCLXXXI, in-4. avec des planches en bois très-curieuses ; anc. rel. de peau de truie. Ce volume, qui est évidemment sorti des presses d'A. de Keyser, est resté tout à fait inconnu : il est a longues lignes, sans réclames. Dans le catalogue de Kloss, Londres, 1838, p. 305, n° 4273, on indique une autre édition du curieux roman de Mélusine ; mais celle-ci a été imprimée à Anvers chez Gérard Leeu, en 1491. M. Kloss s'est trompé en croyant qu'il n'existait en flamand qu'une seule édition de Mélusine ; outre la nôtre, il en existe une troisième d'Anvers, 1510, chez Henri Eckert Van Homborch. 208. De antiquitatibus Tornaci Nerviorum erutis, presertim de fano Cybelae disputatio isagoge, auctore Dionysio Villerio, canonico tornacensi. Montibus Hannoniae, apud Carolum Michel, typog., l612, pet. in-8 de 154 ff., avec 8 planches, mar. rouge ancien, aux armes de Tournai, dor. sur tr. Cette dissertation devait
servir d'introduction à un travail beaucoup plus étendu que le chanoine
Villiers se proposait de publier sur les antiquités déterrées à Tournai. Elle
est dédiée à J. B. Gramaye. Ce livre ne doit pas être
confondu avec les ouvrages de Pignorius et de Chifflet. 215. Rothnacum, sive de historia oppidi Rothnacensis libri duo, auctore Lamberto Vander Burchio, ad Divam Virginem Mariam Ultrajecti decano. Ultrajecti, ex officina Hermanni Borculoi, 1616, in-12 de 96 ff. v. f., avec armoiries, dor. s. tr. Exemplaire offert par
l'auteur à Aubert Lemire, qui à son tour en a fait don à Antoine Sanderus. La
bibliothèque de Bourgogne possède le travail de Van der Burch sur l’histoire de
la Flandre resté inédit en grande
partie. Outre la présente dissertation,
nous ne connaissons que la Vie du comte Gui de Dampierre, qui ait été publiée.
Cette dernière a également été imprimée chez Borculo à Utrecht, en 1615. (Bibliotheca
Hulthemiana, vol. IV, p. 410, n° 27566.) 222. Traicté des monnoyes des comtes de Flandre où il est amplement parlé de la fabricque de la monnoye et de la valeur d'icelle, etc., par Olivier de Wree, Brugeois, lic. Es loix. A Bruge en Flandre, chez Jean-Baptiste et Lucas Vanden Kerchove, rue Haute, à la Bible, 1640, in-4 de 46 ff. et 12 pl., rel. en vél. bl. ancien. ' Cet opuscule de Vredius est
resté inconnu à tous les bibliographes. Les planches représentent cent sept
monnaies frappées en Flandre depuis Guillaume Cliton jusqu'à Albert et Isabelle. Source :
Catalogue de le Bibliothèque de l’abbaye de Saint-Victor au seizième siècle rédigé
par Rabelais et commenté par le bibliophile Jacob et
suivi d’un essai sur les bibliothèques imaginaires par Gustave Brunet.
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